Un jour, un professionnel demande à Erickson : « D’accord, ce que vous faites, ça marche, mais tous ces trucs invraisemblables que vous demandez à vos patients de faire, est-ce que c’est encore de la psychothérapie, est-ce que c’est une authentique activité de soins ? » Erickson lui répond : « Oui, mais personne n’est absolument obligé de le savoir, ni le patient ni le thérapeute. »
Psychothérapeute ? Dans notre métier, il y a deux manières de comprendre les mots « thérapie, thérapeute », l’une par abréviation, l’autre par pragmatisme.
L’abréviation consiste en une simplification de langage, pour aller plus vite : on dit « thérapie, thérapeute » pour ne pas avoir à dire « psychothérapie, psychothérapeute » ; on adhère à une théorie psychologique (psychanalyse, TCC, Gestalt, Analyse transactionnelle ou autre), une théorie universelle du psychisme qu’on applique à chaque cas particulier ; on pense qu’il existerait un psychisme avec ses lois propres dont les dérèglements supposés expliqueraient les troubles actuels et devraient guider l’action thérapeutique ; et on se bat dans des querelles d’école pour faire triompher sa propre théorie.
Le pragmatique, au contraire, est un « thérapeute » tout court, pas par abréviation. Il ne croit pas à l’existence d’un « psychisme ». Il n’est pas « psychothérapeute ». Il veut adhérer au Réel : ce patient-ci est une personne ; elle est inédite, inconnue : à lui de la découvrir ; elle a des ressources immenses, une expérience de la vie et une vision du Monde absolument respectables parce que ce sont les siennes : à lui de les découvrir ; les symptômes qu’elle présente sont le mieux qu’elle puisse faire dans les conditions qui lui sont données, et elle a sûrement de bonnes raisons d’agir comme elle le fait : au thérapeute de découvrir comment aider cette personne à s’appuyer sur ses ressources, son expérience et sa vision du Monde pour renoncer à ce qui lui coûte trop, élargir son champ de possibilités, bref s’épanouir.
Le pragmatique ne reconnaît aucun caractère scientifique à ces théories du psychisme bâties par induction, non vérifiables, non réfutables et qu’on ne peut que complexifier quand elles rencontrent un fait clinique qui pourrait les mettre en danger. Son attitude est la seule scientifique, car elle suit les critères épistémologiques de Popper.
A la suite de Popper et d’Erickson, le pragmatique prend ces théories pour ce qu’elles sont, de belles histoires. Dans chacune, il voit une métaphore intéressante pour la thérapie si elle parle au patient, et surtout si elle est déjà celle de celui-ci. En effet, tous les patients ont déjà leur théorie sur leurs troubles quand ils viennent consulter. Celles-ci seront très opérationnelles si le thérapeute est prêt à les utiliser. Nous avons des patients psychanalystes, organicistes, cognitivistes, gestaltistes ou systémiciens. Avec un psychanalytique, il faudra être freudien ; avec un organiciste, organiciste ; avec un cognitiviste, cognitiviste ; avec un systémicien, systémicien ; avec un gestaltiste, gestaltiste. Comme le disait Watzlawick, « il vaut mieux que le thérapeute soit caméléon plutôt que rocher de Gibraltar ».
L’attitude pragmatique étant la seule valide d’un point de vue épistémologique, on devient thérapeute en ne cherchant pas à devenir psychothérapeute.
La disponibilité à répondre. Notre thérapeute doit être un réaliste pragmatique dont l’efficacité repose sur une écoute à nu, sans a priori, pleine d’empathie, et une ratification forte de la souffrance de chaque patient « qui est aussi unique que ses empreintes digitales ».
Alors, celui-ci, se sentant compris, s’ouvre à la coopération ; il devient « disponible pour répondre », suivant l’expression d’Erickson ; un véritable échange thérapeutique s’installe. A contrario, tant que cette « response attentiveness », cette disponibilité à répondre n’est pas installée, aucune thérapie n’est possible, car le patient reste enfermé dans son soliloque douloureux et stérile.
Psychothérapeute ? Dans notre métier, il y a deux manières de comprendre les mots « thérapie, thérapeute », l’une par abréviation, l’autre par pragmatisme.
L’abréviation consiste en une simplification de langage, pour aller plus vite : on dit « thérapie, thérapeute » pour ne pas avoir à dire « psychothérapie, psychothérapeute » ; on adhère à une théorie psychologique (psychanalyse, TCC, Gestalt, Analyse transactionnelle ou autre), une théorie universelle du psychisme qu’on applique à chaque cas particulier ; on pense qu’il existerait un psychisme avec ses lois propres dont les dérèglements supposés expliqueraient les troubles actuels et devraient guider l’action thérapeutique ; et on se bat dans des querelles d’école pour faire triompher sa propre théorie.
Le pragmatique, au contraire, est un « thérapeute » tout court, pas par abréviation. Il ne croit pas à l’existence d’un « psychisme ». Il n’est pas « psychothérapeute ». Il veut adhérer au Réel : ce patient-ci est une personne ; elle est inédite, inconnue : à lui de la découvrir ; elle a des ressources immenses, une expérience de la vie et une vision du Monde absolument respectables parce que ce sont les siennes : à lui de les découvrir ; les symptômes qu’elle présente sont le mieux qu’elle puisse faire dans les conditions qui lui sont données, et elle a sûrement de bonnes raisons d’agir comme elle le fait : au thérapeute de découvrir comment aider cette personne à s’appuyer sur ses ressources, son expérience et sa vision du Monde pour renoncer à ce qui lui coûte trop, élargir son champ de possibilités, bref s’épanouir.
Le pragmatique ne reconnaît aucun caractère scientifique à ces théories du psychisme bâties par induction, non vérifiables, non réfutables et qu’on ne peut que complexifier quand elles rencontrent un fait clinique qui pourrait les mettre en danger. Son attitude est la seule scientifique, car elle suit les critères épistémologiques de Popper.
A la suite de Popper et d’Erickson, le pragmatique prend ces théories pour ce qu’elles sont, de belles histoires. Dans chacune, il voit une métaphore intéressante pour la thérapie si elle parle au patient, et surtout si elle est déjà celle de celui-ci. En effet, tous les patients ont déjà leur théorie sur leurs troubles quand ils viennent consulter. Celles-ci seront très opérationnelles si le thérapeute est prêt à les utiliser. Nous avons des patients psychanalystes, organicistes, cognitivistes, gestaltistes ou systémiciens. Avec un psychanalytique, il faudra être freudien ; avec un organiciste, organiciste ; avec un cognitiviste, cognitiviste ; avec un systémicien, systémicien ; avec un gestaltiste, gestaltiste. Comme le disait Watzlawick, « il vaut mieux que le thérapeute soit caméléon plutôt que rocher de Gibraltar ».
L’attitude pragmatique étant la seule valide d’un point de vue épistémologique, on devient thérapeute en ne cherchant pas à devenir psychothérapeute.
La disponibilité à répondre. Notre thérapeute doit être un réaliste pragmatique dont l’efficacité repose sur une écoute à nu, sans a priori, pleine d’empathie, et une ratification forte de la souffrance de chaque patient « qui est aussi unique que ses empreintes digitales ».
Alors, celui-ci, se sentant compris, s’ouvre à la coopération ; il devient « disponible pour répondre », suivant l’expression d’Erickson ; un véritable échange thérapeutique s’installe. A contrario, tant que cette « response attentiveness », cette disponibilité à répondre n’est pas installée, aucune thérapie n’est possible, car le patient reste enfermé dans son soliloque douloureux et stérile.